Communauté Saint Jean - Fr de St Jean
Congrégation des Filles Du Saint Coeur de Marie
Chers (ères) amis (es) internautes, bienvenue sur le nouveau site internet du sanctuaire marial notre dame de la délivrande de Popenguine. Ici, la Vierge marie a répondu à l’invitation du peuple sénégalais, qui l’a invitée à s’établir au sur la terre de la téranga.
Sanctuaire Notre-Dame de la Délivrande Poponguine 07 avril 2019
JOURNEES MONDIALES INTERDIOCESAINES DE LA JEUNESSE 2019
Cinquième Dimanche de Carême ©
Lectures : Is 43,16-21 ; Ph 3,8-14 ; Jn 8,1-11
Homélie de Son Excellence Mgr. Benjamin NDIAYE, Célébrant.
Chers fidèles du Christ, amis croyants, au cœur de notre parcours spirituel du Carême qui nous conduit, à la suite du Christ, jusqu’à sa Résurrection d’entre les morts, notre célébration des JMJ arrive comme un temps favorable que Dieu nous donne. Ce don, nous le recevons aujourd’hui à l’école de la jeune fille de Nazareth, Marie, qui s’est engagée ainsi devant l’ange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38).
Bien-aimés jeunes gens, filles et garçons, vous êtes l’avenir de l’Eglise et de la société dans nos différents pays. Le Seigneur vous déclare, à travers sa Parole que nous avons écoutée, dans le livre du prophète Isaïe : « Voici que je fais une chose nouvelle : ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi. Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange ».
Autrefois, au temps du grand leader que fut Moïse, Dieu avait libéré son peuple de l’esclavage du Pharaon, en ouvrant un chemin dans la mer Rouge, un sentier dans les eaux puissantes. C’était le temps de l’exode, de la sortie d’Egypte, qui permit au peuple de Dieu de vivre l’expérience transformatrice du désert, en y accueillant les leçons du Seigneur.
Bien plus tard, au 6ème siècle avant Jésus Christ, le peuple de Dieu était à nouveau durement éprouvé et conduit de force en captivité à Babylone par le roi Nabuchodonosor. Mais Dieu, qui corrige son peuple de ses égarements, sans jamais l’abandonner, va mettre fin à cette nouvelle expérience douloureuse, en annonçant l’ouverture d’un chemin de libération à travers le désert de Syrie. Ce désert sera comme parcouru par un fleuve, suivant les différents points d’eau qui vont jalonner le chemin du retour d’exil. Ces points d’eau, comme des oasis de bonheur, seront autant de signes de bénédiction de la part du Seigneur Dieu, qui veille sur son peuple éprouvé et fatigué.
Chers amis, comme autrefois le peuple de Dieu, nous nous inscrivons, avec notre héritage, dans une histoire, celle de notre temps, de nos pays et de nos sociétés. Quelle pourrait être alors, pour nous, l’actualité de cette annonce prophétique de libération, telle que nous l’avons entendue dans la première lecture ?
Les jeunes d’aujourd’hui éprouvent une grande inquiétude par rapport à leur avenir. Ils se demandent comment se former valablement, pour trouver ou créer un emploi qui leur permettra de vivre décemment, d’être utiles à leurs proches et de fonder une famille. Ils s’interrogent sur la manière de réussir leur vie et de satisfaire leurs aspirations légitimes. Confrontés à de multiples difficultés et à de nombreuses embûches, ils se demandent aussi comment les affronter.
Avec réalisme, admirons et encourageons la combativité des jeunes qui ne baissent pas les bras, des jeunes qui nourrissent l’ambition non seulement de s’en sortir, mais même de s’épanouir au service de leurs pays et de la société.
Ces jeunes, dans la diversité de leurs situations, ont toutefois besoin d’être aidés, encadrés, soutenus, formés. Nous réussirons sûrement notre développement, si nous faisons le pari de mieux prendre en compte la frange Jeunes, aussi bien au niveau des Pouvoirs Publics et des acteurs Privés, comme cela nous a été rappelé récemment, qu’au niveau des familles, des associations et, pourquoi pas aussi au niveau des Eglises et des Mosquées ?...
Devant certains drames que vivent des jeunes gens, garçons et filles, comment ne pas rêver de voir revenir dans leurs pays respectifs, comme les exilés d’autrefois, tous ces jeunes migrants africains prisonniers du désert du Sahara et de ses environs, des jeunes à qui nous devons pouvoir offrir de réelles alternatives dans leur terroir ? Comment ne pas rêver de migrations régulières, qui passent par des voies normales et légales, pour sauver, protéger et promouvoir le don précieux de la vie humaine ? Comment mettre fin à notre silence coupable devant toutes les atrocités et les souffrances que subissent tant de jeunes qui, de guerre lasse, quittent nos pays pour partir à l’aventure, poussés par ce que « on dit » sur la « réussite » de ceux qui sont partis, manipulés et mis sous pression au sein des familles au nom du « jom », soudoyés aussi par des passeurs sans scrupules qui vivent de la misère des autres ? Que devons-nous et pouvons-nous faire devant l’océan qui engloutit encore tant de vies humaines, comme au temps de l’esclavage, sur la route des Amériques ?
Chers amis, lorsque Dieu annonce la fin de l’esclavage en Egypte ou de la captivité à Babylone, il fait, pour son peuple qu’il aime tant, un pari sur l’avenir, afin de promouvoir l’humain ; il fait un pari pour la beauté de la vie, qui va de pair avec la liberté, la dignité et le bonheur retrouvés !
Confions donc à Dieu, Maître du temps et de l’histoire, tous ces jeunes enmal-de-vivre et demandons-lui d’inspirer et de soutenir tous ceux qui, par leurs responsabilités et leurs pouvoirs de décision, ont la possibilité de contribuer à l’amélioration de la situation des jeunes dans nos différents pays.
Avec les jeunes eux-mêmes, travaillons ensemble à leur épargner les souffrances inimaginables de la migration clandestine, en nous investissant à mieux assurer leur avenir chez nous, par un système scolaire encore plus rigoureux et moins perturbé, avec des programmes diversifiés et performants. Que les jeunes puissent aussi bénéficier de filières de formation qui mettent en valeur leur savoir-faire pratique dans des métiers adaptés à nos réalités…
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu » (Is 40,1). Que cet appel divin nous mobilise au service de notre jeunesse pour son bien, pour celui de nos pays, de nos familles et de nos communautés !
Chant : Yalla la tanna, jogal ; Yalla la voolu, takkul
Fabal sa krua et jublul fala Borom bi yebal…
La page d’évangile de ce 5ème dimanche de Carême nous rapporte un fait divers qui pourrait bien figurer dans les ragots de nos journaux. Il s’y ajoute simplement ces scribes et ces pharisiens, des notables religieux qui, pour piéger Jésus, exposent devant lui une femme qu’ils accusent d’être une pécheresse. Or, cette violence sociale que des personnes respectables font subir à une femme dont on ne dit rien sur son complice, va permettre à Jésus d’adopter une stratégie percutante pour nous donner une bonne leçon d’examen de conscience.
En présence de la femme et de ses accusateurs, comme s’il était préoccupé par autre chose, « Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. » Mais qu’est-ce qu’il pouvait bien écrire sur la terre ? Est-ce qu’il écrivait les péchés des accusateurs, comme pensait saint Jérôme ? Etait-ce en lien avec un passage de l’Ecriture Sainte (cf. Jr 17,13) ? En écrivant sur la terre, Jésus ne se donnait-il pas plutôt du temps et de la distance pour mieux répondre aux accusateurs, tout en les invitant à réfléchir sur le sens de leur démarche ?
D’après l’évangéliste, cela est d’autant plus vraisemblable que les accusateurs n’arrêtaient pas d’insister : « on persistait à l’interroger. Alors, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre ».
Entre les deux phases d’écriture sur la terre, cette terre d’où l’homme est tiré et où il retournera, cette terre qui est aussi le lieu et le théâtre de l’existence humaine, les accusateurs doivent se situer, à la lumière de la parole de Jésus.
De fait, le résultat de sa parole est immédiat, comme le note l’évangéliste : « Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés ». C’était comme qui dirait la débandade, la fuite, le sauve-qui-peut des accusateurs qui se sentent eux-mêmes, tout d’un coup, démasqués !
Quant à la femme accusée, Jésus lui reconnaît et lui redonne sa dignité :
En agissant ainsi, Jésus ouvre à cette femme une porte sur l’avenir, pour une vie nouvelle, sur le chemin du pardon reçu et de l’appel à la conversion.
Chers amis, cette femme pécheresse représente, en réalité, le peuple de Dieu que nous sommes. Car, Dieu a fait alliance avec nous. Il s’est engagé lui-même vis-àvis de nous en ces termes : « Je serai votre Dieu et vous, vous serez mon peuple ». Mais ne sommes-nous pas, vis-à-vis de Dieu, une épouse infidèle ?
Notre péché, qui peut se manifester de diverses manières, dans l’idolâtrie, l’impiété, ou encore dans des comportements immoraux et déviants, constitue une rupture de notre Alliance avec Dieu. Mais Dieu, dans sa miséricorde, ne se décourage pas, malgré nos infidélités. Il chemine avec nous ; il nous éduque ; il nous invite à la conversion, à la purification de notre cœur ; il nous pardonne. Comme au temps du prophète Osée (8ème siècle av. J.C.), il nous redit : « Mon épouse infidèle, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur… Je ferai de toi mon épouse pour toujours, dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse, dans la loyauté, et tu connaîtras le Seigneur » (Os 2,16b.21-22).
C’est de cette tendresse de Dieu que Jésus Christ est le missionnaire, au nom du Père qui l’a envoyé. « Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).
En méditant sur le cas de la femme pécheresse, dans la page d’Evangile de ce jour, comment ne pas penser à cette autre femme, la Vierge Marie, la Mère du Sauveur et notre Mère, qui nous est donnée comme modèle de disponibilité à la volonté de Dieu dans sa réponse à l’annonce de l’ange Gabriel ?
« Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38). Telle est la réponse de Marie au projet de Dieu sur elle.
Son attitude spirituelle m’a rappelé cette invocation qu’on lui adresse dans les litanies mariales : « Arche d’Alliance ». Pourquoi une telle invocation ?
A l’origine, l’Arche d’Alliance, que Moïse avait fait faire et orner suivant des instructions divines strictes et précises, était une sorte de grande caisse en bois qui contenait les Tables de la Loi du Décalogue reçues par Moïse. Cette Arche était le symbole de la présence de Dieu au milieu de son peuple et le signe de sa protection. C’était comme un tabernacle, une sorte de sanctuaire mobile que l’on transportait à certaines occasions, comme à la guerre, ou dans le cadre de processions religieuses. C’était donc un objet religieux important.
Que dire alors de la Vierge Marie, cette femme choisie par Dieu ? N’est-elle pas le Tabernacle du Dieu Vivant, cette Arche d’Alliance unique en qui le Verbe de Dieu s’est fait chair pour habiter parmi nous (cf. Jn 1,14) ? N’a-t-elle pas accepté de coopérer avec Dieu tout au long de sa vie, en cheminant dans l’obéissance de la foi ? Admirons cette jeune femme qui se hâte sur les montagnes de Judée, pour aller visiter sa cousine Elisabeth. Elle est porteuse du Verbe de Dieu en son sein, comme un sanctuaire mobile ; elle vit une relation unique avec Dieu. Et Elisabeth ne s’y trompe pas, lorsqu’elle déclare : « Comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,43).
Le Pape François écrit : « Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour. Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l’amour du Père pour être l’Arche de l’Alliance entre Dieu et les hommes » (MV 24). «
Bien-aimés de Jésus Christ et enfants de Marie, la Vierge de lumière, la Mère du Verbe de Dieu incarné, marche auprès de nous. Elle nous enseigne à dire Oui au Seigneur, dans la foi et la confiance ; elle nous apprend à chanter les merveilles de Dieu, avec reconnaissance, dans la louange et l’action de grâces. Elle nous montre comment accueillir et ruminer la Parole de Dieu, pour qu’elle nous forme et nous transforme. Par sa présence maternelle à nos côtés, elle nous arme de courage dans nos difficultés, pour porter notre croix à la suite de Jésus, dans l’endurance, la persévérance et la fidélité. Elle nous donne l’exemple de la communion dans la prière, avec les disciples du Christ réunis au Cénacle, pour que l’Esprit de Dieu se répande sur nous et nous envoie en mission.
Comme disciples du Christ, nous sommes nous-mêmes appelés, par la grâce de notre baptême, à vivre comme des arches d’alliance, comme des tabernacles du Dieu vivant, pour le porter au monde d’aujourd’hui. Nous sommes appelés à être des THEOPHORES, c’est-à-dire des PORTEURS DE DIEU !
à la volonté de Dieu. Quant à Jésus, en s’incarnant dans la vie des hommes, il a renoncé à être traité à l’égal de Dieu ; Il a pris la condition de serviteur, jusqu’à laver les pieds de ses disciples, la veille de sa mort. Son geste, qui rappelle le devoir d’hospitalité dans la tradition orientale, est également le témoignage de son esprit d’humilité dans l’exercice de son autorité. A la suite de Jésus-Serviteur, et en nous inspirant de l’exemple de Marie, nous sommes porteurs du service de la charité envers nos frères et sœurs dans nos différents milieux de vie. Dans le Christ, le prochain doit être pour nous comme un sacrement de Dieu qui nous appelle à vivre de l’amour de charité, une charité active et inventive, qui réponde aux nécessités du temps et du lieu.
Un tel programme suppose que nous soyons profondément enracinés en Christ, à l’image de l’apôtre Paul (cf. 2ème lecture) qui a préféré échanger tout son passé et son héritage pour une seule valeur : la connaissance de Jésus Christ, notre Seigneur. Que cette connaissance croisse et grandisse en nous tous, pour que rien ne puisse jamais nous séparer du Christ Jésus, notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et l’Esprit-Saint, Dieu pour les siècles des siècles. Amen !
Chant : Victoire, tu régneras ; ô Croix, tu nous sauveras !